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Casanova ou l'esquisse de la liberté

 

« Casanova rendit l’âme au Château de Dux, en Bohême où l’avait recueilli le comte de Waldstein, la plume à la main, en rédigeant,  pendant une douzaine d’années, les mémoires, restées inachevées, d’une vie ébouriffante, menée au grand galop à travers les salons et les cours de l’Europe des Lumières ; aidé par une étonnante mémoire et la très grande envie de séduire encore ; par une écriture parfois hâbleuse et quelque peu suffisante, mais d’une vivacité exceptionnelle..

Evoquer cet archétype de l’aventurier cosmopolite du XVIIIème siècle, dont le  Prince  de Ligne a écrit, dans un portrait plein d’empathie : ‘Il est fier parce qu’il n’est rien et qu’il n’a rien”,  suppose de choisir parmi les innombrables éclats de ce prisme aux mille facettes, sans le réduire à l’une quelconque d’entre elles.

 

Alors quoi ? Ou plutôt qui ? L’enfant de Venise dont l’éloignement lui sera toujours souffrance ? Le libertin impénitent, libertin des moeurs, libertin de l’esprit ? L’ « honnête homme » cultivé, savant même ? L’illusionniste, le faussaire, selon les besoins ? Toujours sur les routes, fuyant les polices, cherchant des protections pour vivre. Parfois fastueusement, parfois aux marges de la misère mais toujours rebondissant, fidèle à lui-même. Grand dans le déclin d’une vie où, harcelé par des valets, il touche peut-être à l’amour qu’il a toujours fui autant que cherché. »

 

Bernard Chanteux incarnera,  en lisant essentiellement des extraits de “L’histoire de ma vie”, l’homme des années 1780-1790 qui divertit sa vieillesse par l’écriture, secret désir de toute sa vie, « récapitulant (ses) fredaines dont (il était) loin d ‘en trouver le souvenir désagréable » : ses duels, son évasion des Plombs de Venise, sa fidélité de « frère » franc-maçon, ses amours joyeuses, gaillardes, parfois sincères, parfois fort décevantes, ses rencontres extraordinaires, son entregent politique, son goût atavique du théâtre et du grand Théâtre qu’était encore la Libre République de Venise… le tout rehaussé par des maximes et des aphorismes politiques et philosophiques souvent inattendus chez celui qui passe à tort pour n’être qu’un dragueur compulsif. 

Puisse ce choix, nécessairement subjectif, donner l’envie de se perdre et de se retrouver dans ce monument que sont les mémoires de Girolamo-Giacomo Casanova, chevalier de Seingalt.

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